Décryptage 11 février 2022

Les clowns relationnels : un autre moyen d’entrer en relation

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À l’EHPAD Notre Dame des Vignes, à Albertville (Savoie), quatre clowns relationnels® interviennent régulièrement auprès des résidents. Leurs missions : entrer en relation, leur redonner le sourire et leur apporter du bien-être, notamment à ceux qui s’expriment peu. Rencontre avec Marie, Christian, Marie-Noëlle et Jacqueline.

 

Le clown relationnel entre dans le champ de l’art-thérapie. L’objectif n’est pas d’offrir un spectacle de divertissement aux résidents, mais il s’agit d’une démarche de soins relationnels, réalisés par des personnes formées. « Nous agissons toujours en lien avec la Directrice de l’établissement et l’équipe soignante : avant toute intervention, nous prenons un temps pour échanger et déterminer quels sont les résidents à aller voir en priorité. Ça peut être des personnes qui ont des troubles cognitifs, qui ont une difficulté particulière…Nous restons aussi ouverts aux autres rencontres qui peuvent se faire au détour d’un couloir, mais nous axons nos interventions vers les personnes qui en ont le plus besoin. » explique Jacqueline.

Être déguisé en clown, porter le nez rouge, facilite la relation. D’après Marie, « le clown évoque l’enfance, la joie de vivre. Les barrières tombent plus facilement qu’avec des personnes de l’équipe ou même la famille. Nous nous adaptons toujours aux capacités des personnes : par exemple, le regard joue un rôle primordial pour établir la relation, mais il arrive que les résidents soient courbés. Nous nous mettons alors à leur hauteur pour qu’elles puissent nous voir. Nous apportons une présence contenante, rassurante. Nous allons au contact des résidents qui ne communiquent plus, et, parfois, nous créons une connexion. Cela peut être de l’ordre du très petit : un regard expressif, un sourire, même parfois, une respiration qui change. » Le clown représente aussi l’inattendu. Ce n’est pas habituel de voir un clown dans un EHPAD. Les résidents vont naturellement à leur rencontre. « Nous n’avons pas le même statut que les autres membres de l’équipe : nous ne sommes pas des soignants qui interviennent auprès d’une personne malade, nous sommes sur un pied d’égalité ».

Et parfois, il ne se passe rien. Pour plusieurs raisons : le résident peut ne pas être réceptif, être fatigué ou préoccupé…Dans ce cas, les clowns passent à quelqu’un d’autre. « L’objectif est d’apporter de la joie. Si un résident n’est pas d’humeur, nous n’insistons pas. Il faut toujours trouver l’équilibre, essayer mais ne jamais forcer. » souligne Christian.

 

Tisser du lien

 

À Notre Dame Des Vignes, les clowns relationnels interviennent une fois par mois depuis un an. Avant la première séance d’intervention, ils ont organisé une séance d’information pour l’équipe, afin de les informer sur leur fonctionnement, sur leur démarche et leurs méthodes. « Dans les EHPAD, les membres de l’équipe sont très présents auprès des résidents. Quand nous intervenons, nous les croisons, nous les côtoyons. Il faut qu’ils soient à l’aise avec notre démarche. Certains jouent parfois avec nous, c’est très agréable.

Dans l’univers des adultes, le clown peut avoir un côté un côté inquiétant. Nous essayons de leur faire comprendre que nous sommes des clowns qui apportons de la joie, nous ne surprenons pas, ne faisons pas de gestes brusques ou d’agression. »

 

Les interventions durent une journée. Elles commencent par un échange avec les équipes, notamment la directrice de l’établissement, pour faire le point sur les personnes à voir, mais aussi les évolutions, les nouvelles de la maison, les éventuels décès… « Nous avons ensuite une préparation physique, à laquelle les équipes peuvent participer. Ça permet de se détendre. Puis, nous nous mettons en habit de clowns. Pendant 2h30, nous allons à la rencontre des résidents. Après cela, nous avons un autre temps d’échange pour faire le point sur nos interventions, ce que nous avons fait exactement, ce qui s’est passé…

Pour finir, les personnes âgées en EHPAD, c’est nous dans quelques années. Nous aimons rire, donc nous essayons d’apporter de la joie aux personnes, jusqu’au dernier moment. »